Nous autres, civilisations, nous savons maintenant que nous sommes mortelles, Valéry. Commentez. • Cette phrase est tirée de La crise de l'esprit », un texte figurant dans les Essais quasi politiques » publiés dansVariété Tome I, page 988 des Œuvres en Pléiade. La crise de l'esprit » est constituée par deux lettres » originellement parues en anglais dans une revuelondonienne en 1919. La version française paraîtra la même année dans la Nouvelle Revue Française. La phrase citéeest la première phrase de la première de ces deux lettres.• La crise de l'esprit » paraît au lendemain de la Première Guerre mondiale, guerre qui — outre le fait qu'elleoccasionna plus de huit millions de morts — provoqua une profonde crise de la conscience Valéry, cette guerre a montré que la civilisation européenne pourrait sombrer comme l'ont fait dans le passédes civilisations parmi les plus brillantes Elam, Ninive, Babylone étaient de beaux noms vagues, et la ruine totale de ces mondes avait aussi peu designification pour nous que leur existence même. Mais France, Angleterre, Russie... ce seraient aussi de beaux aussi est un beau nom. Et nous voyons maintenant que l'abîme de l'histoire est assez grand pour tout lemonde. Nous sentons qu'une civilisation a la même fragilité qu'une vie. Les circonstances qui enverraient les oeuvresde Keats et celles de Baudelaire rejoindre les oeuvres de Ménandre ne sont plus du tout inconcevables elles sontdans les journaux. »Mais Valéry ne s'arrête pas à cette constatation somme toute banale. Il s'arrête sur le fait que ce qui vient de sepasser nous conduit à remettre en cause un certain nombre de valeurs Les grandes vertus du peuple allemand ont engendré plus de maux que l'oisiveté n'a créé de vices. Nous avons vu,de nos yeux vu, le travail consciencieux, l'instruction la plus solide, la discipline et l'application les plus sérieusesadaptés à d'épouvantables desseins. Tant d'horreurs n'auraient pas été possibles sans tant de vertus. Il a fallu,sans doute, beaucoup de science pour tuer tant d'hommes, dissiper tant de biens, anéantir tant de villes en si peude temps; mais il a fallu non moins de qualités morales. Savoir et Devoir, vous êtes donc suspects?»Un nouvel ordre est à instaurer; tâche difficile car deux dangers ne cessent de menacer le monde l'ordre et ledésordre.»La seconde lettre et la longue note ajoutée à La crise de l'esprit » s'interrogent sur le devenir de l'Europe Or, l'heure actuelle comporte cette question capitale l'Europe va-t-elle garder sa prééminence dans tous lesgenres ? L'Europe deviendra-t-elle ce qu'elle est en réalité, c'est-à -dire un petit cap du continent asiatique? Oubien l'Europe restera-t-elle ce qu'elle paraît, c'est-à -dire la partie la plus précieuse de l'univers terrestre, la perle dela sphère, le cerveau d'un vaste corps?» L'histoire, d'une certaine façon, a déjà partiellement répondu à cette question.. »
phénomènenouveau depuis deux ou trois siècles. Quand Valéry écrit « Nous autres, civilisations, nous savons maintenant que nous sommes mortelles », cest à leuropéenne quil pense. Il pense que la civilisation européenne occupe une situation privilégiée, qui ne va pas durer, et entretient un rapport inégal aux
Le deal à ne pas rater Cartes Pokémon sortie d’un nouveau coffret Ultra Premium ... Voir le deal philo Z'amis Forum des citoyens Philosophie 3 participantsAuteurMessageMorgan Kane******Sujet Nous autres, civilisations, nous savons maintenant que nous sommes mortelles. Sam 11 Nov - 1138 De Paul Valery, après la première guerre mondiale Nous autres, civilisations, nous savons maintenant que nous sommes mortelles. Nous avions entendu parler de mondes disparus tout entiers, d’empires coulés à pic avec tous leurs hommes et tous leurs engins ; descendus au fond inexplorable des siècles avec leurs dieux et leurs lois, leurs académies et leurs sciences pures et appliquées, avec leurs grammaires, leurs dictionnaires, leurs classiques, leurs romantiques et leurs symbolistes, leurs critiques et les critiques de leurs critiques. Nous savions bien que toute la terre apparente est faite de cendres, que la cendre signifie quelque chose. Nous apercevions à travers l’épaisseur de l’histoire, les fantômes d’immenses navires qui furent chargés de richesse et d’esprit. Nous ne pouvions pas les compter. Mais ces naufrages, après tout, n’étaient pas notre Ninive, Babylone étaient de beaux noms vagues, et la ruine totale de ces mondes avait aussi peu de signification pour nous que leur existence même. Mais France, Angleterre, Russie... ce seraient aussi de beaux noms. Lusitania aussi est un beau nom. Et nous voyons maintenant que l’abîme de l’histoire est assez grand pour tout le monde. Nous sentons qu’une civilisation a la même fragilité qu’une vie. Les circonstances qui enverraient les œuvres de Keats et celles de Baudelaire rejoindre les œuvres de Ménandre ne sont plus du tout inconcevables elles sont dans les n’est pas tout. La brûlante leçon est plus complète encore. Il n’a pas suffi à notre génération d’apprendre par sa propre expérience comment les plus belles choses et les plus antiques, et les plus formidables et les mieux ordonnées sont périssables par accident ; elle a vu, dans l’ordre de la pensée, du sens commun, et du sentiment, se produire des phénomènes extraordinaires, des réalisations brusques de paradoxes, des déceptions brutales de l’évidence. Je n’en citerai qu’un exemple les grandes vertus des peuples allemands ont engendré plus de maux que l’oisiveté jamais n’a créé de vices. Nous avons vu, de nos yeux vu, le travail consciencieux, l’instruction la plus solide, la discipline et l’application les plus sérieuses, adaptés à d’épouvantables desseins. Tant d’horreurs n’auraient pas été possibles sans tant de vertus. Il a fallu, sans doute, beaucoup de science pour tuer tant d’hommes, dissiper tant de biens, anéantir tant de villes en si peu de temps ; mais il a fallu non moins de qualités morales. Savoir et Devoir, vous êtes donc suspects ?_________________Tout smouales étaient les borogoves NellyAdminSujet Re Nous autres, civilisations, nous savons maintenant que nous sommes mortelles. Sam 18 Nov - 1511 Morgan Kane a écrit Je n’en citerai qu’un exemple les grandes vertus des peuples allemands ont engendré plus de maux que l’oisiveté jamais n’a créé de vices. Nous avons vu, de nos yeux vu, le travail consciencieux, l’instruction la plus solide, la discipline et l’application les plus sérieuses, adaptés à d’épouvantables desseins. Dur, ton texte !Les vertus du peuple allemand... Faut-il les appeler ainsi ? Tout le peuple est-il responsable ? Certes, un taré bien entouré a été démocratiquement élu, mais ne faisons-nous pas les même erreurs, nous autres Français, bien moins vertueux ?Combien d'électeurs auraient peu imaginer l'horreur qui s'en est suivie ? Morgan Kane a écrit Tant d’horreurs n’auraient pas été possibles sans tant de vertus. Il a fallu, sans doute, beaucoup de science pour tuer tant d’hommes, dissiper tant de biens, anéantir tant de villes en si peu de temps ; mais il a fallu non moins de qualités morales. Savoir et Devoir, vous êtes donc suspects ? Tu sais bien que le peuple suit celui qui parle bien ! Tellement de gens se font avoir eux-mêmes en toute honnêteté vertu en espérant vivre mieux et en croyant que ce qu'on leur dit est bon. Certes, nous sommes tous des égoïstes, quelque part, ce qui n'est pas une vertu, mais la à toi Invité et reviens nous voir souvent. Pestoune***Sujet Re Nous autres, civilisations, nous savons maintenant que nous sommes mortelles. Mer 17 Juin - 530 Nous l'avons toujours su mais il faut régulièrement des piqûres de rappel. Ce qu'il se passe en ce moment, c'en est une aussi. On assiste à l'effondrement mondial de l'économie, du monde du travail. Un petit virus de rien a mis à terre le monde de l'entreprise. Des tas d'entreprises ne se relèveront pas entrainant à leur suite des ouvriers qui se retrouveront sans emploi. Aujourd'hui on nous demande de travailler plus pour compenser les pertes financières. Certes mais comment faire quand il n'y a plus de travail. Un monde se meurt. Qu'en renaîtra-t'il ? Morgan Kane******Sujet Re Nous autres, civilisations, nous savons maintenant que nous sommes mortelles. Mer 17 Juin - 610 Pestoune a écrit Nous l'avons toujours su mais il faut régulièrement des piqûres de rappel. Ce qu'il se passe en ce moment, c'en est une aussi. On assiste à l'effondrement mondial de l'économie, du monde du travail. Un petit virus de rien a mis à terre le monde de l'entreprise. Des tas d'entreprises ne se relèveront pas entrainant à leur suite des ouvriers qui se retrouveront sans emploi. Aujourd'hui on nous demande de travailler plus pour compenser les pertes financières. Certes mais comment faire quand il n'y a plus de travail. Un monde se meurt. Qu'en renaîtra-t'il ? Compte tenu du règne de la finance et du marché, une tentative désespérée de reconstruire le monde d'avant ..... jusqu'à la catastrophe finale .... Ce forum ne faisant pas de politique politicienne, je n'en dis pas plus. _________________Tout smouales étaient les borogoves Pestoune***Sujet Re Nous autres, civilisations, nous savons maintenant que nous sommes mortelles. Mer 17 Juin - 820 Morgane Kane a écrit Ce forum ne faisant pas de politique politicienne, je n'en dis pas plus je l'avais bien compris en vous lisant et tant mieux c'est pourquoi je n'ai pas approfondi ma pensée. Néanmoins ce n'est pas politique de dire qu'on assiste à un effondrement du monde tel que nous l'avons connu. Mais que hélas les dirigeants mondiaux continuent de s'accrocher à ce modèle. Il est temps de penser autre chose. Ce serait un travail commun à faire entre tous les pays. Un travail collégial qui donnerait une autre direction à l'humanité. Mais il faut que l'effondrement soit total pour que l'homme accepte la défaite. Il faut que le monde souffre pour renaître. C'est le triste constat de notre Histoire humaine. NellyAdminSujet Re Nous autres, civilisations, nous savons maintenant que nous sommes mortelles. Mer 17 Juin - 1259 Pestoune a écrit Morgane Kane a écrit Ce forum ne faisant pas de politique politicienne, je n'en dis pas plus je l'avais bien compris en vous lisant et tant mieux c'est pourquoi je n'ai pas approfondi ma pensée. Néanmoins ce n'est pas politique de dire qu'on assiste à un effondrement du monde tel que nous l'avons connu. Mais que hélas les dirigeants mondiaux continuent de s'accrocher à ce modèle. Il est temps de penser autre chose. Ce serait un travail commun à faire entre tous les pays. Un travail collégial qui donnerait une autre direction à l'humanité. N'est-ce pas utopique ? Nous ne sommes même pas en mesure de nous entendre dans le même pays, d'être solidaires en Europe pour faire front. Pestoune a écrit Mais il faut que l'effondrement soit total pour que l'homme accepte la défaite. Il faut que le monde souffre pour renaître. C'est le triste constat de notre Histoire humaine. _________________Bienvenue à toi Invité et reviens nous voir souvent. Pestoune***Sujet Re Nous autres, civilisations, nous savons maintenant que nous sommes mortelles. Mer 17 Juin - 1408 Nelly a écrit N'est-ce pas utopique ? Nous ne sommes même pas en mesure de nous entendre dans le même pays, d'être solidaires en Europe pour faire front. D'où mon emploi du conditionnel Contenu sponsoriséSujet Re Nous autres, civilisations, nous savons maintenant que nous sommes mortelles. Nous autres, civilisations, nous savons maintenant que nous sommes mortelles. Page 1 sur 1 Sujets similaires» SOMMES NOUS ENCORE CAPABLES DE NOUS SENTIR RESPONSABLES» Sommes nous responsables de ce que nous sommes ? » ÊTRE ZEN LE SAVONS NOUS?» Du coq à l'âne, comportements et instincts, où en sommes nous?» Philosophie et MediasPermission de ce forumVous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forumphilo Z'amis Forum des citoyens PhilosophieSauter vers
Ouvrage Vous autres, civilisations, savez maintenant que vous êtes mortelles. De la contre-utopie; Pages: 201 à 202; Collection: Études de littérature des xx e et xxi e siècles, n° 96; Autres informations ⮟ ISBN: 6-9; ISSN: 2260-7498; DOI: 10.15122/isbn.978-2-406-10756-9.p.0201; Éditeur: Classiques Garnier; Mise en ligne
Home/citation/Nous autres, civilisations, nous savons maintenant que nous sommes mortelles. Valéry Paul Nous autres, civilisations, nous savons maintenant que nous sommes de Paul ValéryPaul Valéry Autres citations Nous autres civilisations, nous savons maintenant que nous sommes mortelles. Valéry Paul Nous autres civilisations, nous savons maintenant que nous sommes ICitations de Paul ValéryPaul Valéry Autres citations
Nousautres, civilisations, nous savons maintenant que nous sommes mortelles. Paul Valéry Contexte historique : 1919 Paul VALÉRY (1871-1945), La Crise de l’esprit (1919). Première Guerre mondiale, épilogue. Mot célèbre et prophétique d’un intellectuel très
Nous autres, civilisations, nous savons maintenant que nous sommes mortelles. » Nous autres, civilisations, nous savons maintenant que nous sommes mortelles. Nous avions entendu parler de mondes disparus tout entiers, d’empires coulés à pic avec tous leurs hommes et tous leurs engins; descendus au fond inexplorable des siècles avec leurs dieux et leurs lois, leurs académies et leurs sciences pures et appliquées, avec leurs grammaires, leurs dictionnaires, leurs classiques, leurs romantiques et leurs symbolistes, leurs critiques et les critiques de leurs critiques. Nous savions bien que toute la terre apparente est faite de cendres, que la cendre signifie quelque chose. Nous apercevions à travers l’épaisseur de l’histoire, les fantômes d’immenses navires qui furent chargés de richesse et d’esprit. Nous ne pouvions pas les compter. Mais ces naufrages, après tout, n’étaient pas notre affaire. Et nous voyons maintenant que l’abîme de l’histoire est assez grand pour tout le monde. Nous sentons qu’une civilisation a la même fragilité qu’une vie. Paul Valéry, La Crise de l’esprit, 1919 - Agrégé de Lettres modernes - Docteur ès Lettres et Sciences Humaines Prix de Thèse de la Chancellerie des Universités de Paris - Diplômé d’Etudes approfondies en Littérature française - Diplômé d’Etudes approfondies en Sociologie - Maître de Sciences Politiques Voir tous les articles par brunorigolt
Feuilleteznotre Chronique sur la Troisième République pour tout savoir. « Nous autres, civilisations, nous savons maintenant que nous sommes mortelles. »
PENSER LE MONDE AU TEMPS DU CORONAVIRUS CHRONIQUE 1, LE 20 MARS 2020 MORTELLE CIVILISATION ! En ces temps obscurs et douloureux, de confinement quasi planétaire, où un fléau d’une ampleur encore incommensurable sur le plan humain, tant du point de vue sanitaire que social ou psychologique sans même parler de ses désastreuses conséquences économiques, répand la mort, angoisse et souffrance, aux quatre coins de nos cinq continents, et surtout en Europe aujourd’hui, il serait tentant, mais peut-être aussi trop facile, de paraphraser, en en déplaçant certes le contexte historique, la célébrissime première phrase de Marx et Engels en leur non moins fameux Manifeste du Parti Communiste un spectre hante l’Europe le spectre du coronavirus ». Je ne m’y adonnerai toutefois pas ici. L’heure, en effet, est suffisamment grave, en cette deuxième décennie du XXIe siècle, et la situation suffisamment sérieuse, pour ne rien ajouter, face à cette préoccupante pandémie du covid-19, au catastrophisme ambiant, à un alarmisme exagéré ou à une quelconque et très malvenue théorie du complot, où de nouveaux apprentis sorciers, idéologues de tous poils et autres prêcheurs de mauvais aloi, font de leur prétendu savoir, mais bien plus encore de leur foncière ignorance, le lit aussi nauséabond qu’arrogant de leurs propres et seuls calculs politiques, souvent fanatisés. Honte à ces sinistres démagogues qui exploitent ainsi sans vergogne, sur de misérables vidéos qu’ils essaiment à l’envi sur les différents réseaux sociaux, l’actuelle détresse humaine ! C’est donc à un immense poète, philosophe à ses heures intelligemment perdues – le grand Paul Valéry –, que je ferai appel ici, plus modestement, afin d’éclairer quelque peu, certes humblement mais plus sagement aussi, cette sombre et funeste plaie du temps présent. LA CRISE DE L’ESPRIT Il y a tout juste un peu plus d’un siècle, en 1918, au lendemain donc de la Première Guerre mondiale mais le président de la République Française, Emmanuel Macron en personne, ne vient-il pas de marteler que, face à cet ennemi invisible et insaisissable » qu’est ce menaçant coronavirus, nous étions précisément en guerre » ?, Valéry écrivait, en effet, un texte mémorable, d’une extraordinaire profondeur d’âme et dont l’emblématique titre, La Crise de l’Esprit », devrait plus que jamais résonner, aujourd’hui, comme un pressant quoique salutaire cri d’alarme, à méditer toutes affaires cessantes, au vu de cette urgence simplement médicale, pour l’avenir, sinon la sauvegarde, de l’humanité. Ainsi donc Valéry commençait-il déjà à l’époque, d’une formule dont la concision n’avait d’égale que sa justesse, son admirable méditation Nous autres, civilisations, nous savons maintenant que nous sommes mortelles. » Et de justifier ensuite, avec force détails et preuves à l’appui, quoique sans pour autant jamais tomber en un nihilisme tout aussi désespérant, voire suspect, cette douloureuse mais lucide assertion Nous avions entendu parler de mondes disparus tout entiers, d’empires coulés à pic avec tous leurs hommes et tous leurs engins ; descendus au fond inexplorable des siècles avec leurs dieux et leur lois, leurs académies et leurs sciences pures et appliquées, avec leurs grammaires, leurs dictionnaires, leurs classiques, leurs romantiques et leurs symbolistes, leurs critiques et les critiques de leurs critiques. Nous savions bien que toute la terre apparente est faite de cendres, que la cendre signifie quelque chose. Nous apercevions à travers l’épaisseur de l’histoire, les fantômes d’immenses navires qui furent chargés de richesse et d’esprit. Nous ne pouvions pas les compter. Mais ces naufrages, après tout, n’étaient pas notre affaire. Elam, Ninive, Babylone étaient de beaux noms vagues, et la ruine totale de ces mondes avaient aussi peu de signification pour nous que leur existence même. Mais France, Angleterre, Russie… ce seraient aussi de beaux noms. … Et nous voyons maintenant que l’abîme de l’histoire est assez grand pour tout le monde. Nous sentons qu’une civilisation a la même fragilité qu’une vie. Les circonstances qui enverraient les œuvres de Keats et celles de Baudelaire rejoindre les œuvres de Ménandre ne sont plus du tout inconcevables elles sont dans les journaux. » UNE CIVILISATION A LA MÊME FRAGILITE QU’UNE VIE Valéry, oui, a, hélas, raison à l’heure où l’humanité se voit aujourd’hui menacée très concrètement, pour reprendre les termes mêmes des principaux responsables de l’OMS Organisation Mondiale de la Santé aussi bien que de l’ONU Organisation des Nations-Unies, et face à laquelle le nouveau coronavirus n’est assurément que le symptôme à la fois le plus spectaculaire, vaste et dangereux, nous sentons qu’une civilisation a la même fragilité qu’une vie ! Car cette humanité, effectivement, est aujourd’hui comme assiégée de toutes parts réchauffement climatique ; pollution atmosphérique ; destruction de l’écosystème ; rétrécissement du biotope ; érosion des glaciers ; fonte des neiges ; élévation des océans ; inondations et tsunamis ; cyclones et tremblements de terre ; disparition d’espèces animales ; étouffement de la faune végétale et marine ; apparition de maladies inconnues et de nouvelles pathologies ; épidémies incontrôlables ; augmentation des dépressions nerveuses, des burn out et des suicides ; multiplication des guerres locales ou tribales ; propagation du terrorisme islamiste ; retour de l’obscurantisme religieux ; montée des extrémismes et autres populismes ; migrations gigantesques ; déplacements de populations ; pauvreté grandissante ; crash boursiers ; robotisation de l’humain, voire du post-humain ; emballement du capitalisme sauvage ; triomphe de l’argent ; soif de compétition mal comprise ; mépris de la culture au profit du happening ; déperdition de la langue comme de l’écrit ; négation du réel au profit du virtuel ; émergence de la pensée unique au détriment de la réflexion critique ; règne de l’effet de mode ; empire du conformisme ambiant ; valorisation du matérialisme et dévalorisation du spirituel ; course folle à l’armement ; perte de tout point de repère pour une jeunesse en mal d’idéaux ; dépréciation des valeurs morales, du sens de l’éthique et des comportements civiques, toutes choses pourtant essentielles à la bonne marche du monde ; aveuglement de masse … Et j’en passe les tares de notre pseudo modernité sont trop nombreuses pour que je puisse les énumérer toutes ici ! LA NATURE, A DEFAUT DE CŒUR, A SES RAISONS QUE LA RAISON NE CONNAÎT PAS Ainsi donc, oui, Paul Valéry, esprit fin, cultivé, profond et subtil à la fois, a raison notre civilisation, nous le constatons à présent de manière on en peut plus tangible avec cette dramatique crise du coronavirus, est, elle aussi, mortelle ! A cette énorme différence près qu’elle s’avère aujourd’hui doublement mortelle mortelle au sens passif – elle se meurt, inexorablement, et par notre propre faute – mais aussi au sens actif – elle est en train, littéralement, de nous tuer, en une soudaine accélération exponentielle, et toujours par notre propre faute, ce mixte inconsidéré d’inconscience, d’imprévision et d’égoïsme, de piètres calculs à toujours à trop courts termes, sans visions d’ensemble, aiguillonnée par le seul intérêt particulier au détriment de l’intérêt général. Oui, le monde contemporain a les idées courbes plus encore que courtes voilà pourquoi, désormais, il ne tourne plus rond qu’en apparence. Pis il se veut tellement réglé, formaté, normatif, telle une parfaite machine à fabriquer un totalitarisme qui s’ignore, un fascisme qui ne dit pas son nom, qu’il a fini, au comble d’un paradoxe aussi vertigineux que compréhensible, par se dérégler, sans plus de limites pour le contenir dans la sphère de la raison, du simple bon sens. Nous en payons aujourd’hui, précisément, le lourd et tragique tribut ! Le système, en ces temps aux rumeurs d’apocalypse, est, manifestement, à bout de souffle un minuscule mais surpuissant virus peut anéantir, ou presque, sinon une civilisation tout entière, du moins l’arrogance des hommes ! Terrible et fatidique boomerang ! La technologie, fût-elle la plus sophistiquée, n’y peut rien la nature, à défaut du cœur, a ses raisons que la raison ne connaît pas ! IL FAUT TENTER DE VIVRE ! D’où, urgente, cette conclusion en forme de prière l’être humain, s’il ne veut pas véritablement disparaître, saura-t-il enfin prendre à sa juste mesure, en y réfléchissant doctement, avec la sagesse dont il est encore capable, les impérieuses, et surtout vitales, leçons de cette tragique, sinon encore fatale, histoire ? C’est là un souhait que j’exprime ici très sincèrement, nanti de l’indéfectible soutien moral et intellectuel, là encore, du grand Paul Valéry dans les derniers vers de cette splendide méditation, quasi métaphysique, sur la mort qu’est son Cimetière Marin », l’un des plus beaux poèmes, au sein de la littérature française, du XXe siècle Le vent se lève !... Il faut tenter de vivre ! » Allez, courage, hommes et femmes de bonne volonté la guerre, malgré l’immense souffrance de ce monde aujourd’hui endeuillé, et par-delà même ce douloureux avertissement qui nous étreint quotidiennement, n’est pas perdue ! DANIEL SALVATORE SCHIFFER* *Philosophe, auteur, notamment, de La Philosophie d’Emmanuel Levinas – Métaphysique, esthétique, éthique » Presses Universitaires de France, Oscar Wilde » et Lord Byron publiés tous deux chez Gallimard – Folio Biographies, Traité de la mort sublime – L’art de mourir de Socrate à David Bowie Alma Editeur, Divin Vinci – Léonard de Vinci, l’Ange incarné » et Gratia Mundi – Raphaël, la Grâce de l’Art » publiés tous deux aux Editions Erick Bonnier.
PaulValéry : Nous autres, civilisations, nous savons maintenant que nous sommes mortelles. Paul Valéry La Crise de l' Esprit, première lettre (1919) Nous autres, civilisations, nous savons maintenant que nous sommes mortelles.
30 juillet 2011 6 30 /07 /juillet /2011 0947 Un lecteur a laissé un commentaire sur le post précédent, dont la pertinence est telle qu'elle me parait mériter une réponse détaillée en post principal. Je me permets d'en recopier les passages pertinents Gilles et skept J'ai trouvé sur ce site depuis peu quelques personnes que je comprends enfin et qui pensent, comme moi, que l'épuisement des énergies fossiles qui est certain à échéance connue est probablement un problème plus urgent et plus mobilisateur que le RCA qui reste complexe à comprendre. Alors que les lois de la physique et un esprit raisonnablement cartésien nous pousserait à l'inverse. [ SIC la suite du commentaire me laisse penser que mon estimé lecteur s'est un peu mélangé les pinceaux, il voulait dire probablement le contraire.... "comme nous y pousserait les lois de la physique et un esprit raisonnablement cartésien ..! ] Alors j'en profite, et j'aurais quelques questions à vous poser qui me tracassent depuis un moment sans que personne, dans mon entourage, ne comprenne même de quoi je parle alors y répondre,... pouvez vous m'aidez à éclaircir mes idées ? 1Pourquoi, à votre avis, cet emballement politico-médiatique mondial sur le C02 et cette quasi "omerta" sur le Peak-Oil un peu moins depuis 1 an toutefois ? alors même que la physique et un esprit raisonnablement cartésien nous pousserait au contraire 2Une question plus technique et moins cruciale que la 1°. Il semble y avoir sur ce blog une flopée de scientifiques, j'aimerai avoir leur avis sur la théorie de Svensmark à propos de l'influence des rayonnements cosmiques sur la formation de nuages et donc sur le climat, la théorie est très "poétique" voire séduisante, Svensmark semble sérieux et compétent, mais je suis un peu méfiant vis à vis de ses principaux promoteurs. Tient elle la route d'un point de vue scientifique ? .... Tout d'abord, Hema, comme on dit couramment Bienvenue au club ! Je vais d'abord répondre rapidement à l'hypothèse de Svensmark, qui a supposé que l'activité solaire pouvait influencer la Terre en modulant le flux de rayonnement cosmiques frappant l'atmopshère, ce qui changerait sa nébulosité le mécanisme étant donc assez complexe et loin de la simple augmentation de la puissance solaire actvité solaire-> plus grand champ magnétique-> moins de cosmique->moins de nuages-> plus de rayonnement arrivant au sol je n'ai pas d'avis a priori sur cette hypothèse; c'est une hypothèse à étudier scientifiquement comme les autres. La critique principale est qu'il ne semble pas que les nuages soient influencés tant que ça par les rayons cosmiques, et de plus, les nuages peuvent avoir un effet inverse suivant leur composition et leur altitude, ils peuvent bloquer le rayonnement incident mais aussi augmenter l'effet de serre quand le ciel se couvre, il fait plus frais, mais une nuit nuageuse est moins froide qu'une nuit claire ! Mais il faut faire un certain nombre d'études complémentaires, dont l'expérience CLOUD, pour en être sûr. On découvrira peut etre aussi un autre phénomène voisin mais différent dont on ne se doutait pas, ça arrive.... D'une façon générale, ces questions sont du ressort des climatologues, et je ne prétends pas l'être. L'avis que je donne ici est juste mon impression sur la "qualité générale" des preuves fournies, mais je respecte le travail des climatologues ayant établi les faits dont il est question. Je suis également assez méfiant vers les explications "c'est le Soleil", "c'est le mouvement des planètes", etc.. mon avis étant plutot qu'on donne trop confiance à des explications déterministes par rapport à la variabilité naturelle. Sur la question importante du "pourquoi", c'est également une question que je me suis souvent posée. A priori, les deux crises, énergétiques et climatiques, jouent un rôle comparable et devraient au moins le même impact, mais en réalité, comme dit Hema, "les lois de la physique et un esprit cartésien" nous poussent à donner un poids bien plus considérable à l'effet des sources énergétiques sur notre société qu'aux variations climatiques. Toutes les corrélations connues montrent que le niveau de vie et les indicateurs humains pas seulement le PIB sont corrélés positivement à la consommation énergétique, et ont peu à voir avec la température. On peut imaginer un seuil où la variation climatique serait catastrophique, mais ce ne sont que des supputations tirées de théories et de modèles informatiques compliquées, d'interprétation de données incertaines, alors que l'association entre sources d'énergie et niveau de vie est claire, évidente, historiquement, géographiquement, et économiquement clairement visible et incontestable. Préconiser de réduire les fossiles pour éviter un changement de climat revient à considérer qu' il est bien plus probable que nous sachions nous passer de fossiles plutot que nous sachions faire face aux conséquences climatiques qu'ils produisent. Or cette assertion n'a strictement rien d'une évidence ! il ne s'agit pas ici de prouver qu'elle est fausse, il s'agit de s'interroger sur les bases sur lesquelles autant de gens l'adoptent comme une évidence, alors qu'il n'y a aucun fait clair qui le montre. De la même façon que la question n'est pas de savoir si Dieu existe , mais de savoir pourquoi autant de gens y croient sans preuve, et de plus, curieusement, la plupart du temps sous la forme qui existe dans la société autour d'eux et pas sous la forme de ceux d'à côté le trait le plus intrigant dans la religion n'est pas seulement la croyance, mais l'autocorrélation spatiale de cette croyance . C'est d'autant plus étrange que non seulement il n'y a aucun fait qui le montre, mais que dans les pratiques économiques, tout montre exactement le contraire. A commencer par le fait que nous cherchons constamment à exploiter de nouvelles ressources fossiles, de plus en plus chères et difficiles d'accès, ce qui n'a aucun sens logique si la proposition précédente est vraie, mais est totalement sensé si elle est fausse. Bref le discours public AFFICHE une croyance et AGIT en fonction de la croyance inverse. Petit parallèle avec la religion on peut remarquer que beaucoup de représentants officiels de religions pronant en général la simplicité et la pauvreté volontaire n'ont pas réellement agi comme si ils y croyaient eux-mêmes ... Donc nous revenons à la question d'Hema mais pourquoi afficher et "croire" la plupart du temps très sincèrement, là encore comme pour les religions autant à une proposition si peu en rapport avec les faits connus, en en minimisant d'autres si évidentes ? L'explication que je propose est qu'il y a une différence entre les deux dangers. Le danger énergétique, si nous ne savons pas le résoudre, est finalement mortel pour notre société. Si nous ne savons pas remplacer les fossiles, notre société s'éteindra inexorablement, sous sa forme actuelle. Je ne parle pas du tout de disparition de l'humanité, je parle de la disparition du mode de vie qui caractérise la société moderne. Il porte donc en germe une idée insupportable, celle de la vieillesse et de la mort, une idée qui nous hante bien sûr personnellement au cours de notre propre vie et que nous avons du mal à admettre. Pire, il n'y a aucune morale derrière ça. Ce n'est la faute de personne si les gisements s'épuisent , ce sont des ressources finies, c'est tout. On pourrait ne plus les extraire, mais ça revient à hâter la fin à laquelle nous cherchons à échapper. Il n'y a pas d'échappatoire. le danger énergétique nous met en face du tragique de l'existence humaine. Le danger climatique, lui , est bien différent. Nous y jouons un tout autre rôle. Nous jouons un double jeu, doublement actif et non passif nous nous voyons comme la CAUSE principale de ce probleme, mais aussi comme le REMEDE potentiel. Nous sommes à la fois une menace, et possiblement des héros pouvant l'éviter. Dans les deux cas, nous sommes maîtres de notre destin. Même notre caractère menaçant flatte notre ego par notre capacité de nuisance - elle flatte notre illusion de toute puissance; le changement climatique met inconsciemment en scène les histoires que nous aimons, les histoires de bons et de méchants, de Dr Jekyll et Mr Hyde, de Dark Vador et de Luke Skywalker. Elle parle à notre inconscient. elle nous met au centre actif de l'histoire. Il est d'ailleurs frappant qu'une partie importante de la communauté "piquiste" a developpé une philosophie "survivaliste", ce qui permet de 'redramatiser" l'histoire. Le peak oil est alors perçu comme une catastrophe soudaine, plongeant le monde dans le chaos, un monde à la Mad Max. Là encore, cette mise en scène permet de s'identifier au héros solitaire, seul contre les éléments hostiles, et redonne une gratification narcissique à notre individu si nous ne sommes pas capables de sauver la société, alors au moins, qu'on nous donne un rôle qui nous permette de nous sauver nous-mêmes ! Cependant, en général, les gens préfèrent de beaucoup penser que nous trouverons des solutions techniques à l'épuisement des fossiles, mais qu'il ne tient qu'à nous de le faire. D'où la floraison dans l'esprit du public de toutes ces croyances à l'existence de "solutions miracles" souvent inventées par des inventeurs géniaux et solitaires, persécutés par de grandes compagnies pétrolières et des états accapareurs de taxes sur les carburants ..., et une tonalité générale du "si on veut on peut" dans tous les discours publics. Nous n'aimons pas qu'on nous dise que nous vieillissons, et encore moins que nous allons mourir, alors que ce sont deux certitudes incontestables. Seul le discours climatique nous permet de mettre en scène les histoires que nous aimons nous raconter. Peut être faudrait-il changer la phrase de Paul Valéry "Nous autres, civilisations, nous savons maintenant que nous sommes mortelles", en "Nous autres, civilisations, nous ne savons toujours pas que nous sommes mortelles " ... ???? Published by climatenergie - dans Société
T8Kra2. dwm07ojsmj.pages.dev/220dwm07ojsmj.pages.dev/50dwm07ojsmj.pages.dev/105dwm07ojsmj.pages.dev/1dwm07ojsmj.pages.dev/270dwm07ojsmj.pages.dev/215dwm07ojsmj.pages.dev/148dwm07ojsmj.pages.dev/357dwm07ojsmj.pages.dev/94
nous autres civilisations nous savons maintenant que nous sommes mortelles